| asterix1988
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| Sujet: Re: aide sur Idéfix Ven 9 Déc - 15:36 | |
| Bonjour, Voici quelques liens qui pourront t'aider Extraits: - Citation :
- ...La nécessité pour l’auteur de dessiner son personnage debout découle de la volonté d’en
faire un personnage d’égal à égal avec les hommes. La taille est en effet un élément important de la relation de dominance entre le maître et son chien. Si Milou ou Idéfix restent à leur place, c’est tout d’abord parce qu’ils sont à quatre pattes, dominés par leur maître. Ainsi Bill marque bien un tournant : il reste un chien dominé par les parents de Boule, mais avec ce dernier le rapport aussi bien physique que relationnel est très différent. Ayant quasiment la même taille que l’enfant (fig.12), il devient plus qu’animal de compagnie, un véritable interlocuteur à part entière pouvant converser face à face. Enfin, les personnages de Cubitus ou Gai-Luron, de tailles humaines, deviennent des personnages principaux reconnus comme tels par leur entourage de fiction comme par le lecteur. Les voir se mettre à quatre pattes semble même choquant (fig.13). ...
....Les relations entre les chiens dans la BD semblent bien naturelles. Elles reposent en effet sur l’idée d’une communauté ayant l’espèce comme dénominateur commun, et la BD y crée des relations grâce à un langage, des habitudes, un mode de vie commun. Ainsi, Bill forme un groupe avec les autres chiens du quartier (fig.64), et Idéfix ou Milou retrouvent les leurs en suivant leur maître à travers le monde (fig.65). ....
....Ces biais font que le chien possède déjà presque un langage à lui (fig.22) mais que nous ne le saisissons pas mieux que les aboiements du premier chien réel que l’on croise. Dans ces BD plus ou moins réalistes, le chien garde un rôle de chien et même Idéfix qui est un personnage de BD comique reste à sa place de chien car il ne possède pas la parole (cela ne l’empêche pas pour autant de communiquer avec les autres chiens et avec son maître) ...
....Heureusement, le chien ne joue pas toujours le rôle d’un frère (comme Bill), d’un enfant ( Chiffon), d’un conjoint (Milou, Idéfix ?), et les sentiments d’affection pour son animal sont le plus souvent sains et relativisés par les propriétaires équilibrés. On aime son chien mais ce n’est qu’un chien. .... - Et puis ceci (pour moi le must pour tes émoires ) tiré de « Tu sais ce qu'il te dit, Môssieu Astérix ? » de Lavillatte Bruno
- Citation :
Préambulle Longtemps, j’avais hésité à écrire sur ce petit chien et sa raison obsessionnelle d’être-là, mais la chouette de la philosophie avait insisté à sa manière, en guise de dernier combat. En planque qu’elle était dans un album de Goscigny et Uderzo, le Domaine des dieux. Le déclencheur de ces lignes fut le hasard de la promenade, et le regard qui précède souvent les pas. En Kiosque, à Paris, un titre de l’Humanité, 29 décembre 1999 : « La France d’Idéfix pleure ses arbres. » La tempête avait fait œuvre. Et moi, modestement, à faire de même. Tout, après le vent, me disait qu’il fallait pousser l’intuition dans ses derniers retranchements, ceux qui donnent éclaircie à la nuit partielle de ma pensée. Quelque chose parlait dans cet article, quelque chose que j’avais pressenti à maintes reprises dans les albums de Goscinny et Uderzo et qui sommeillait depuis l’enfance. Sans doute des phrases aussi simples que celles de l’Humanité avaient-elles provoqué en moi ce questionnement philosophique qui est toujours profond quand il est simple : « Ici dans la plaine bourguignonne, les chênes centenaires sont abattus ». Ou bien plus loin, « Un arbre à terre n’est pas un arbre perdu ». Ou plus loin encore : « Le temps forestier n’est pas le temps des hommes. » L’article lu, j’ai repris mes albums, les ai découpés, les ai comparés, ai trouvé des arbres grands et petits, des arbres déracinés, abattus, des arbres le ventre à l’air, l’écorce saignante, des arbres défaits de leur chair fibreuse et ligneuse. Idéfix, qui n’était pas pour moi qu’un petit chien - ou chien petit - prit alors toute son ampleur philosophique, heuristique, herméneutique. Malgré moi, il était devenu un concept, une sorte d’icône à la portée symbolique d’une force immense, alliant le souvenir de l’enfance au cheminement conceptuel qu’il me proposait désormais. Je dois donc ce petit livre à l’Humanité, non point comme organe du Parti Communiste Français, mais comme le médium où, message, support, hasard, enfance, projet se dessinent d’un seul coup de crayon. Je le dois aussi à tous ceux qui, comme moi, pensent que la Bande Dessinée est infiniment plus qu’une suite limitée d’images où le texte n’est que prétexte et l’image l’étrange dessein d’un texte.
Page 13 du Tour de Gaule, cinquième album, apparition discrète d’Idéfix. Au tout début, le scénariste ne souhaitait pas la présence d’un animal-héros dans cette bande dessinée. Mais, blanc et noir, de race indéterminée, il prit peu à peu toute sa place comme compagnon fidèle d’Obélix, livreur de menhirs, empoigneur de Romains, éternel bouffeur devant les dieux mortels. Le bertillonnage d’Idéfix donne à peu près ceci : boudeur dans la moitié de ses comportements, d’un charisme minimal, excepté dans quelques actions d’éclat sur lesquelles nous reviendrons, doué d’une intelligence que d’aucuns estiment inférieure à la moyenne de son espèce, résistant en appétit, Idéfix a du flair, sait mordre le cul des Romains, enterre ses os pour mieux les retrouver, déteste les chats - fussent-ils égyptiens - dégotte tout sanglier à portée de truffe. Et vénère les arbres.
Tiens, le choix du chien !
Son existence n’était pas donnée d’avance. Rien ne pouvait laisser présupposer une sorte d’advenue, de surgissement, d’arrachement à sa propre condition de possible. Mieux encore, son apparition se fait dans la discrétion, la retenue, dans l’écart radical avec la narration et l’image, dans une étonnante distance avec le monde, les personnages, les situations, en leurs commencements divers. Il aurait pu ne pas être, s’affirmer au moment près de la contingence, dans la disparition, l’évanescence, le coup de pied d’un personnage qu’il gênait, le coup de griffe d’un chat de passage, le tour d’une roue au coin d’une rue de la « plus prodigieuse cité de l’Univers » ; il aurait pu être-en-filigrane, une boule de poils sans avenir, et de ses allées et venues n’être qu’un trait de crayon, avec en sourde menace d’une fin de vie, la douce brutalité possible et insistante d’un coup de gomme rugueux, à sec, presque sauvage. D’un coup de sang. Coup d’humeur. Coup du sort. Embarqué dans l’existence, en lieu et place, rester un Salaud sartrien, un chien à sa mémère, à son pépère, un chien de café qui attend sa gamelle, son auge, son eau, ses os, un chien à ronger la vie. Aurait pu ! Mais son existence s’est transformée en exigence, et cette exigence en destin.
Au fond tout se passait comme si la nécessité de cette vie en image tenait à quelque chose que l’on ne connaissait pas, à une forme curieuse d’étrangeté et de bizarrerie de l’histoire en train de se dessiner. De s’écrire. De se lire. Peut-être une sorte de hasard en image, transformé en nécessité romanesque. Idéfix, chien petit - je soutiens qu’il est chien avant d’être petit, que sa meilleure nomination est d’inspiration anglo-saxonne inversée - et qui aboie aux circonstances de la condition de sa vie, avait une histoire à gueuler, un quelque chose de particulier qui restait à construire, pour y découvrir un sens, une direction autant qu’une finalité.
Non pas de cette histoire qui cherche des sources, des origines, des causes, non pas une histoire qui se remonte - une histoire d’échelle - que l’on reconstitue, que l’on recoud. Non ! une histoire dont les ressorts ont une structure longitudinale, animée d’une signification à déchiffrer, à comprendre, à imaginer.
Plus que tout autre personnage - si l’on peut dire - des aventures d’Astérix Le Gaulois, Idéfix peut se penser historiquement comme le seul élément objectif d’observation d’une réalité narrative en évolution d’existence. Parce que, justement, à la différence des autres héros fondateurs, il n’est pas donné d’emblée. Parce que son apparition à un commencement, qu’elle est originelle, qu’elle se comporte et s’impose sous la forme d’un point de départ. D’un lieu. D’un acte. D’une suite. Et d’une suite à donner. En cela, Idéfix ressortit à une épiphanie : comprenons que son apparition fait signe, et doit se comprendre dans l’ordre du récit comme un guide, voire un berger. Un Pilote, tel qu’en lui-même. Point sous l’angle réducteur de l’ami fidèle - qu’il est du reste - point sous l’angle de celui-qui-suit, (même s’il pourrait dire je-suis-celui-qui-suit-Obélix) donc point, à l’instar de son habituelle représentation, sous l’angle trop fermé de l’accompagnateur qu’il semble être au regard de la quasi totalité de ses habitudes, de sa gestuelle, bref, de son allure. Si le chien petit accompagne, il n’est en aucun cas une simple garniture de l’image ou du récit, pas un faire-valoir en miroir de son maître qui se perçoit comme tel vis à vis du héros principal, pas un assortiment de pacotille malgré sa très petite taille, pas une fioriture, pas une ornementation iconique.
Son destin se joue ailleurs, entre les lignes des bulles, entre bulles et bulles, entre images et contextes. Entre batailles, culs de Romains, aboiements, jappements, grognements, et parfois pleurs et peines.
Idéfix, avant même d’être un nom, avant même qu’il fût nommé, est d’abord un emplacement, en sa généralité. Il est à proprement parler un topos, et détermine en cela une forme particulière de topique, je veux dire un lieu où son existence se déroule, se dévoile, se cache, se vit, se planque, se renifle : un lieu qui est à sa mesure le lieu de sa vérité, de son investissement spatial lorsqu’il court, s’arrête, se reprend. Voire lorsque, près d’un menhir, il pisse, content de lui-même, satisfait de l’endroit et de la pierre ainsi mouillés.
Donc, son positionnement global dans toute l’œuvre de Goscinny et Uderzo, est dû à sa condition initiale d’être-chien. S’il avait été oiseau - pourquoi pas, je pense à la place du hibou dans Le Combat des Chefs - son orientation spatiale eut été différente, et la symbolique inhérente à cette éventuelle position d’altitude d’un tout autre ordre. S’il avait été un chien gros, pensons au danois de La Grande Traversée, la vérité de son existence et de son être-chien aurait pris, au propre comme au figuré, une autre allure, un autre train, une rythmique différente. Probablement, n’aurait-il pas suivi, mais devancé systématiquement Obélix ! Or, dans la plupart des cartouches, le chien petit est le plus souvent un en-bas, bien que parfois il monte au tiers, voire au deux-tiers du cartouche. La conséquence en est alors immédiatement visible : il se montre davantage, se voit, attire le regard, pousse l’œil aux alentours du paysage, de la scène, de la bataille.
Mais il est tout autant un à-côté, parfois un en-dessous, une forme petite qui occupe l’espace dans sa relation profonde avec la terre en sa matérialité, avec le terrain en sa morphologie, avec le terroir en sa spécificité zoologique : humus, volumes divers, sangliers (ou bien ours, glouglous), trois paramètres qui donnent à Idéfix la mesure de son espace. Et de son comportement. De son être, donc.
De là, nous pouvons dire que notre chien petit est véritablement en situation. Dire qu’il ne se réduit pas à son simple espace, au seul traçage de ses allées et venues, de ses sorties en forêts, de ses attaques mordantes aux culs dodus des Romains, de sa passivité attentive et inquiète devant telle ou telle bagarre interne au village, mais qu’il est plutôt embarqué dans une totalité qui l’enveloppe et le fait être ce qu’il est à devenir. Il constitue un ensemble dynamique avec ce qui l’entoure, l’enrobe, le protège, le met en danger, l’interroge, lui fait peine, inspire sa violence. Il est tout entier dans l’action, il lui colle aux dents, à la peau, aux tissus de ses adversaires, à la chair d’un os qu’on lui jettera à ronger, en récompense, pour la paix, ou parce que la fin de l’histoire l’impose sous forme d’un rituel. En fait, Idéfix, plus peut-être que son maître, ne décolle pas de lui-même ; ou plus exactement, il ne se connaît que sous une forme spéculaire. En miroir. Très souvent, notamment au cœur des batailles, il fait ce que fait Obélix, sa participation est totale mais n’est que le reflet de l’engagement de son maître. Ils se regardent. Il le regarde, alors que l’autre l’encourage. Le trophée entre les dents, les casques entre les mains pour le porteur de menhirs, il part la tête autre, fier de l’action accomplie.
Non seulement par l’espace qu’il occupe dans le cartouche, mais surtout dans le fait qu’il persiste dans son être-là et s’y conforte par les circonstances telles qu’elles lui sont imposées par les deux héros principaux. Pour faire simple, sa marge de liberté est encore un peu juste, pour ne pas dire inexistante, réduite, restreinte à la peau de chagrin qu’il est comme touffe de poils, avant toute chose. Il n’est pas encore en situation complète, totale, donc infinie, d’être par delà. Encore donné, surgi, agi sous la forme d’un ensemble de contraintes, son dépassement ne revêt pour l’instant que les critères possibles d’une tendance. Au fond, rien ne prouve qu’il en reste là, mais tout prouve qu’il n’y est pas encore. Cet entre-deux, cet écartèlement, cette tension définissent notre chien petit comme un être en devenir, en complet devenir, en situation d’achèvement. C’est pour cela, justement, qu’il avait un commencement. Et qu’il eût une forme discrète de destin.
Un commencement à tout-tout Dans l’inaperçu, l’à peine visible, dans le très peu d’existence, dans un à-côté d’une authenticité radicale, dans un au-devant à découvrir, face à une devanture, Idéfix s’inscrit d’abord dans un cartouche, puis dans une suite, enfin dans une histoire. Il aurait pu, non point ne pas être, mais ne pas être vu. Nous aurions pu passer à ses côtés, lecteurs que nous sommes, de la même manière qu’Obélix voit qu’il - le chien qui n’est pas encore petit - n’est pas là. Ne le saisit pas dans son surgissement. Là encore, l’événement est significatif : il dévoile une existence sur la simple modalité de sa négation, de sa néantisation ! Nous voyons qu’Idéfix n’est pas là, mais une fois que nous nous sommes aperçus de son existence. Plus encore, nous percevons qu’il est là, mais une fois que nous comprenons qu’il aurait pu ne pas être, ne pas être là, tant son surgissement, son apparition et sa mise en existence se déploient dans une absolue discrétion. Seul élément possible d’attention : une espèce de contre-plongée qui possède les traits d’une mise en lumière, d’une accentuation, et dont la finalité est peut-être l’arrêt du regard, l’instant de le lire. Une forme de regard cinématographique. De pause. De sursis temporel. En attente, le chien petit est en situation d’attente ; son existence est un déjà en devenir, et son oreille droite levée entend quelque chose que nous n’entendons pas, qu’il nous est interdit de voir. Qu’il ne regarde même pas ! Qui ne nous regarde pas encore. Seul cartouche de la page où rien n’est écrit, quelques éléments iconiques parlent à la place de, en forme d’annonce : charcuterie, tête de cochon bien rose, saucisse, devanture.
Le lien à la nourriture sera fort, et le sanglier sera ce par quoi le chien s’exprimera comme chien, à l’image de son maître comme chasseur. Petit chien qui chasse, grand chasseur qui parfois renifle, le flair d’Idéfix est en correspondance avec le flair d’Obélix : tous deux suivent à la trace, alors que l’un parfois précède l’autre, et l’autre précède l’un, quelques sangliers à dévorer. Mais là n’est pas encore notre propos, seulement un avant-goût. Cette attente est quasi une constante dans Le Tour de Gaule. Ailleurs parfois. L’itération de cette icône engage au fur et à mesure du récit la mise en perspective d’une infinie potentialité d’actions dont nous ne mesurons ni la teneur ni le sens. Idéfix, qui n’a pas de nom - pas encore de nom - dont la réduction existentielle se résume à être celui qui est celui qui suit, se limite à son attitude ; point encore à l’action. Son champ de vie ne contient que des possibles, non des épanouissements, des futurs, non des réalisations. Idéfix est au devant de son propre avenir, de sa propre existence, de son propre engagement. Il est posé en devanture. Justement, en attente de. Devant cette charcuterie-là, devant « Aux bêtises de Cambrai », devant la maison des Vins de Durocortorum, devant la maison de Quatrédeusix, devant la prison de Divodurum, devant la Taverne des Nautes, devant l’auberge d’Odalix, le chien petit est condamné au constat de sa seule attention au futur - dans l’immédiateté paradoxale de son présent - et de l’instabilité qu’elle engendre comme incertitude. Son futur n’est pas donné et sa présence au monde n’appartient qu’à lui seul.
Obélix ne l’a même pas remarqué ! Obélix est ailleurs, dans une absolue et radicale distance entre lui et le petit animal. Distance infranchissable, distance imposée par une situation, distance infernale ! En l’état des choses, Idéfix est pour Obélix fondamentalement autre. En l’état actuel des choses, dans ce commencement de pourunesuite, Idéfix n’est pas constitué autrement que comme une icône en déplacement. Du reste, dans Le Tour de Gaule, le chien petit n’aboie pas, ne pisse pas, renifle à peine, ne grogne pas : il court, quand il n’attend pas, ne devance jamais Obélix, quand il ne saute pas, et se place dans l’entre-deux des héros, hésitant peut-être à choisir, quand il ne regarde pas ailleurs. Exprès, peut-être ! Pour l’instant, l’enfer ce ne sont pas les autres - pas encore les Romains - mais lui-même ; sa vérité d’être-chien qui ne s’est pas encore déployée le contraint à n’être pas maître de son existence, en tant que renifleur de son propre destin. Le sens qu’il confère à sa vie, c’est le sens d’une seule direction : suivre un autre, dont je ne connais rien, ou si peu. Se mettre à le sentir. Peut-être une phrase que nous, lecteurs, n’avons pas entendue et qui résonne pour lui seul comme un appel, une injonction, une vocation ! Et dont la nourriture est sans doute le fondement ! Disons de la bouffe en puissance, en quelques murmures, puis une phrase que nous aurions aimé dévorer à pleines dents. Des mots volés par les rues et les bruits. Au fond, cette tendance à n’être pas encore ce qu’il est confine notre Idéfix à l’obsession de la recherche d’un autre qui le révèle. ....
Bon puis tu as tout le reste ici ... http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre20348.htmlVoilà bonne chance |
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