Nouvel Astérix en octobre : les auteurs ont voulu faire "un Astérix pur et dur"
"Astérix chez les Pictes" sera le 35e opus de la série. C'est le premier réalisé sans l'un de ses auteurs d'origine, Goscinny et Uderzo. Le scénariste Jean-Yves Ferri raconte
C'est l'un des événements éditoriaux de cette fin d'année 2013. Le prochain album d'Asterix, "
Astérix chez les Pictes", déboule dans les librairies le 24 octobre prochain. Pourquoi un événement ? Parce qu'il n'y a avait pas eu d'album depuis "Le ciel leur est tombé sur la tête",
paru il y a déjà 8 ans, hormis "La rentrée d'Astérix", qui tenait plus de l'opération marketing que d'une contribution au 9e art. Par que ce nouvel opus
est tiré à 2 millions d'exemplaires,
révèle le site de Livres Hebdo.
Mais aussi parce que c'est le premier album, depuis la création du personnage,
à avoir été conçu sans la participation directe du dessinateur Albert Uderzo. Ce dernier, aujourd'hui âgé de 85 ans, s'est mis en retrait pour raisons de santé. Il a finalement offert la direction de ce 35e album des aventures du petit gaulois
à un nouveau duo d'auteurs,
Jean-Yves Ferri (au scénario) et Didier Conrad (au dessin).
L'occasion de relancer la franchise, mais aussi de redorer le blason d'une série souvent étrillée par la critique,
depuis la mort de son créateur, René Goscinny, en 1977, ceci malgré un succès public qui ne s'est jamais démenti.
Jean-Yves Ferri, connu pour son humour décalé et son art du non-sens, créateur des aventures d'Aimé Lacapelle (Fluide Glacial), du très drôle "Retour à la terre" (avec Manu Larcenet, Dargaud) et de "De Gaulle à la plage" (Dargaud), bien que très discret sur le contenu de l'album, a bien voulu répondre à nos questions.
SudOuest.fr : Comment devient-on scénariste d'Astérix ? Vous avez postulé ?
Jean-Yves Ferri. Non. Je n'aurais jamais pensé postuler (rires). Quand il y a eu ce projet de reprendre Astérix, les éditions Albert-René se sont mis en quête d'auteurs. Ils ont appelé tous les gens qu'ils pensaient pouvoir correspondre au profil, dans le cadre d'un appel à projets.
Il y a une vraie pression à postuler pour une telle aventure ? La pression, il y en a toujours, ne serait-ce que parce qu'on connaît Astérix depuis toujours. C'est quand même un défi. D'un autre côté, on se dit qu'il faut essayer, que ce serait bête de ne pas tenter le coup. Et finalement, on se prend au jeu...
Comment avez-vous réagi lorsque l'on vous a annoncé que c'était vous ? J'ai compris que les ennuis allaient commencer (rires). Après, il faut se mettre au boulot, il faut se mettre à écrire un Astérix. Il y a un côté ludique, mais aussi de l'autre côté, une vraie responsabilité. Il était impossible, en plus, d'en parler à tout le monde. Quand on fait Astérix, rien ne doit filtrer de l'histoire en préparation. C'est un peu comme travailler sur la bombe à neutron, il ne faut rien dire. Tous ceux qui travaillent sur l'album, jusqu'aux imprimeurs, sont tenus au secret.
Vous êtes investi sur ce seul album ou vous pensez en faire d'autres ?Je n'ai pas signé sur plusieurs albums, parce que moi-même, je veux pouvoir y trouver un intérêt. Je n'ai pas l'intention de faire de trop mauvais albums. Mais il y a toujours un risque. Je ne veux pas m'engager comme ça. On verra après la parution de celui-ci...
Astérix se rend cette chez les Pictes. C'était une volonté de le faire voyager ? Oui. Dans la série, il y a une case "voyages" et une case "village". Les albums s'alternent comme ça. J'ai donc décidé de les faire partir en Ecosse. Le prochain se passera logiquement au village...
Il y a un cahier des charges pour réaliser un Astérix ? Le cahier des charges est celui que vous vous fixez. J'ai été sollicité pour faire un Astérix pur et dur, pas pour en faire une parodie. Le cahier des charges découle de ça. Il faut simplement respecter l'univers d'Astérix, il n'y a aucun besoin qu'on vous le dise. Quand j'ai conçu cette aventure, j'ai pensé aux aventures que j'aimais en tant que lecteur, enfant, à cette forme d'aventures des années 70 qu'on ne trouve plus aujourd'hui. Une forme d'écriture BD, qui s'est un peu perdue, qui arrive à faire cohabiter un scénario d'aventure et des gag, comme savait si bien le faire Goscinny.
Goscinny était un modèle pour vous ? C'est un grand nom pour moi. Ce n'est pas forcément un modèle, mais pour un humoriste, comme moi, il représente beaucoup. Il maîtrisait le récit long et l'humour, avec un vrai sens du gag. Il n'y a pas grand monde à pouvoir ainsi allier les deux.
Comment avez vous abordé l'album ? Certains s'attendent à vous voir faire du Goscinny, d'autres à lire du Ferri...On va entendre de tout, c'est sûr. certains vont nous assassiner, d'autres vont bien aimer. Maintenant, soyons clairs. Je n'ai pas essayé de faire du Ferri, ni une parodie d'Astérix à la Ferri. Qu'on reconnaisse à certains détails la patte Ferri, c'est possible. Mais j'espère surtout qu'on reconnaîtra Astérix (rires). On verra quel sera l'avis du public. J'espère que les gens comprendront bien qu'on essaie de retrouver les aventures d'Astérix et Obélix dans ce qu'elles sont de plus traditionnel. Après, je ne m'interdit pas, si c'est moi qui fait la suite, de faire une histoire plus contemporaine, au village, avec un thème de société actuel. Cet album est un album de liaison. il ne faut pas que le lecteur se sente déboussolé, en se demandant "qu'ont-ils fait avec Astérix ?"
Quel a été le rôle d'Uderzo ?Il a eu un regard bienveillant depuis le début. Il a discuté un ou deux points de l'histoire. Il a sans doute été plus pointu avec le dessin. C'est vraiment son domaine. Il a suivi Conrad de près pour la conformité des personnages. Il nous a été très utile. Mon projet était de faire quelque chose qui ressemble à Astérix.
J'ai cherché, au niveau du story-board, à faire en sorte que les planches soient découpées comme celles d'un Astérix. Conrad a poussé les choses plus loin. Astérix, vous le remarquerez, c'est une certaine forme de découpage de la page, une manière d'ordonner les plans, d'aligner les personnages, de présenter les scènes... Cela nous aidé d'avoir le regard du créateur du personnage.
Il y a eu plusieurs adaptations en film. Quel est votre préféré ? Le Chabat ("Mission Cléopâtre", NDLR). Comme tout le monde (rires).
Source :
http://www.sudouest.fr/2013/09/04/nouvel-album-en-octobre-un-asterix-pur-et-dur-affirme-le-scenariste-1158889-3.php